Actualité Culture Spirit Septembre 2012

Art : moteur de la valorisation du Statut social.

Sans tenir de propos réac mis à part. L’art a toujours était lié au statut social. Mis à leur apogée sous Louis XIV, les arts délaissent leur vision platonicienne pour devenir un argument politique. Au-delà de cet élément, les arts deviennent par la même occasion un critère d’appartenance social et un privilège destiné à une élite. L’art permet à l’individu de définir son statut, sa place dans la société. La notion de « signature », de marque, dans son sens économique et social va se développer. Le snobisme dans son sens positif va apparaître. Il est de bon ton de détenir tel ou tel bien.

Cette notion émergeante au XVIIIème s’épanouit pleinement au XXème siècle. Les grandes collections françaises ou étrangères sont l’apanage des classes aisées. Elles le sont dans le but premier de l’amour de l’art et non dans un perspective d’établissement du statut du propriétaire. Elles permettent d’y accéder sans en constituer une fin en soi. Les collectionneurs vivent en parallèle de l’évolution des arts, même si certains biens sont stylistiquement immuables, les mouvances d’antan restent largement présentes.

Sans généraliser, on observe qu’aujourd’hui certains amateurs achètent en fonction de stéréotypes sociaux anciens de classe. Certains meubles régionaux ont souvent été l’apanage d’une classe sociale malgré l’ouverture d’esprit au fil du temps, ces poncifs demeurent ancrés dans l’esprit des personnes. La diversité culturelle et intellectuelle du XVIIIème s’est amenuisée au fil des temps. Les carcans anciens encorsètent encore notre vision au détriment d’une diversité perdue dans le temps. La pluralité culturelle française peine à émerger face à ces cangues enfermant l’esprit et les choix des acheteurs. Les castes sociales imposent elles réellement la possession de ces attributs définis ou les acheteurs se les imposent ils eux même pour affirmer leur appartenance à ces dernières. Josette FERAL reprenait les propos de Pierre BOURDIEU qui soulignait que « la principale fonction de l’art est d’ordre social : la pratique culturelle sert à différencier les fractions de classe, donc à justifier la domination des unes sur les autres »[1]

Les classes aisées apprivoisent les nouvelles cultures dite émergeantes ou contestataires sur le premier marché, il n’en demeure pas moins que cette démarche reste infinitésimale dans les abysses du marché de l’art où nous voyons souvent les acheteurs freiner face à la non cotation des artistes sur ce marché.

Julien Duché



[1] Josette FERAL : la culture contre l’Art, essai d’économie politique du théatre – Ed Presses de l’Université du Québec – 1990.